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Robert Eringer : Sotchi 2014 et le « Russian bashing »

La cérémonie d’ouverture des prochains Jeux Olympiques d’hiver en Russie est prévue le 7 février 2014 mais la toile s’enflamme déjà.  Chaque jour, Robert Eringer, le bloggeur de Santa Barbara, livre ses sottises sur Sotchi. Est-ce que cela va encore durer sept mois ?

Robert Eringer perd les batailles mais continue la guerre…

Si les Jeux Olympiques sont une formidable vitrine pour les pays qui les accueillent, ils sont aussi une fantastique opportunité de dénigrement pour les détracteurs de ces Etats. Dès la désignation de Sotchi par le Comité International Olympique (CIO), le « Russian bashing » a commencé. Robert Eringer consacre 95% de ses écrits à lyncher Albert II de Monaco et Vladimir Poutine.

Lorsqu’il a appris que les J.O d’hiver se dérouleraient à Sotchi, le blogueur de Santa Barbara a failli s’étouffer de rage. Tout ce qui touche de près ou de loin à la Russie lui donne des crises d’urticaire. Comment était-ce possible ? Qui avait voté pour ce pays ? Dès lors, et comme à son habitude, il a publié rumeurs et ragots sur son site Internet. Les voix auraient été achetées. Et qui aurait été corrompu afin de voter pour le diable russe ?

Obsessions obligent, Albert II évidemment.  Pour obtenir le scrutin de Monaco, Vladimir Poutine aurait offert une datcha au Prince. La famille Grimaldi n’aurait-elle pas les moyens de s’offrir une demeure ? Qu’importe… Sa campagne sur la toile restant confidentielle et ne donnant pas les résultats escomptés, Robert Eringer décide alors de taper plus fort. En 2010, il charge son avocat, Brigham Ricks, d’écrire au président du CIO, Jacques Rogge. Pas moins.

Dans cette lettre, son défenseur fait état d’une liste de cadeaux et avantages que le Prince Albert aurait reçu de la Russie[1]. De la part d’un avocat, l’accusation est si grave que le CIO réagit et son porte parole déclare : «  Nous attendons actuellement des éclaircissements de la part de Monaco.» De son côté, Albert II dépose une plainte en diffamation.

Le Comité International Olympique n’a plus communiqué sur le sujet, mais le Tribunal de Grande Instance de Paris a jugé l’affaire le 1er avril 2011. Les écrits de Robert Eringer sont considérés comme diffamatoires et attentatoires à l’honneur. En outre, dans leurs attendus, les juges soulignent que Robert Eringer n’a pas apporté « la preuve de ses allégations litigieuses[2]. »

Mais, le blogueur américain, ne se soucie guère des condamnations en France- il en collectionne plus d’une trentaine- alors il continue sa guerre…

Le contorsionniste

Si la campagne NO-SOTCHI qui fleurit sur le Net n’est pas analysée à l’aune du « Russian bashing », elle paraît irrationnelle. En effet, l’appel au boycott des jeux de Sotchi a commencé en 2008 pendant la guerre en Géorgie.

Puis, lorsque les problèmes entre Géorgiens et Russes ont été réglés, ce fut le tour d’autres thèmes : écologie, corruption, coût des infrastructures.  Mais aucun de ces sujets ne réussit à motiver un nombre assez important d’émules pour que la mayonnaise prenne.

Enfin, depuis la récente promulgation par le Kremlin de la loi interdisant « la propagande auprès des mineurs des relations sexuelles non traditionnelles », les J.O. d’hiver sont la cible de la communauté gay. Robert Eringer, s’est emparé de ce combat, non pas pour défendre les homosexuels, mais pour avoir une raison supplémentaire de poursuivre sa croisade.

Le bloggeur n’en est pas à une contorsion près. A ce titre, l’affaire Snowden lui inflige quelques courbatures. Lui qui se targue de défendre les libertés individuelles au premier rang desquelles la liberté d’expression et la liberté d’information, les faibles contre les puissants, etc… aurait, en toute logique, dû voler au secours du jeune whistleblower, comme le font d’ailleurs nombre de sénateurs US qu’ils soient démocrates ou républicains.

Oui mais voilà, par un truculent retournement de l’histoire, c’est à la Russie qu’il revient de protéger Edward Snowden, un Américain en danger de mort dans son propre pays ! Robert Eringer tape donc dur sur l’ancien espion au risque de faire des grands écarts… Attention aux claquages !


[1] AFP 15 décembre 2010

 

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