Les transformations contemporaines des pratiques culturelles s’expliquent par de nombreux facteurs, parmi lesquels figurent la démographie, une concurrence accrue de la production de contenus, la révolution numérique. La concomitance de tous ces phénomènes contribue à redessiner le panorama des industries créatives, dans lesquelles la lutte d’influence est souvent au cœur des enjeux : une mutation que l’on percevait déjà dans une note de Terra Nova en 2010
Analyse de la double mutation de la culture :
Au niveau macroéconomique on assiste à la montée en puissance d’un « entertainment mainstream global », cultivé par nos modes de consommation. Parallèlement, la constitution de blocs régionaux et l’essor des média dans les pays émergents établissent une véritable « lutte d’influence pour les images, les sons, et les rêves » selon les termes choisis par le chercheur Frédéric Martel.
Ainsi, depuis plusieurs années on observe que les exportations américaines des contenus augmentent de 10% par an tandis que celles de l’Union diminuent en moyenne de 8% par an. Ces estimations sont établies à partir de données quantitativement par l’OMC, le FMI, l’Unesco et la Banque mondiale, quoique de manière imparfaite. Certaines statistiques sous estiment par exemple le piratage des contenus, et la dématérialisation de la culture.
Le basculement d’une culture de produit à une culture de service
L’ère du numérique a changé les modes de diffusion de l’offre culturelle mais elle a également transformé sa nature même. Ce faisant, elle a modifié nos habitudes de consommation, tout comme la production des contenus. Ils sont désormais conçus comme transmédia et peuvent donc être déclinés sur tous les supports. La notion de « mass media » telle que décrite par Jean Baudrillard dans la société de consommation reprend alors toute sa pertinence.
Dans ce nouveau paramétrage de l’offre et avec les évolutions de nos comportements, on voit s’opérer « un basculement d’une culture de produit à une culture de service ».