A l’occasion de la visite du Premier Ministre chinois en Afrique, des accords de coopération vont être signés entre les deux nouveaux partenaires. L’étendue de cette collaboration portera comme souvent sur les infrastructures mais concernera aussi les domaines électrique, électronique, et aéronautique. Pourtant les relations sino-africaines, sous leur apparente cordialité, ne sont pas dénuées de conflictualité… Alors que Li Kegiang veut se montrer rassurant, le spécialiste de l’Afrique Jean-Yves Ollivier, et le directeur adjoint du département Afrique au ministère du commerce, Chen Hao, montrent dans leur propos que les rapports entre les Etats sont l’objet de méfiance de part et d’autre…
Du 4 au 11 mai, des visites officielles sont prévues dans différents pays africains avec le Premier Ministre chinois Li Kegiang. Au programme, rencontres avec les officiels sur fond d’échanges culturels et économiques. De passage au Nigéria avec la délégation, le Ministre de l’économie Gao Hucheng a appelé les forces vives des deux pays « à transférer les technologies et à former du personnel pour augmenter les possibilités d’emploi ». La présence chinoise sur la rive sud de la Méditerranée n’a de cesse de se renforcer depuis plusieurs années, l’an passé les échanges commerciaux dépassaient les 200 milliards de dollars.
Cela dit, avec la nouvelle ampleur de ces échanges, certaines dérives commencent à être durement ressenties par la population, notamment sur la qualité des produits et des services fournis pour les Africains. En réaction à cette contestation naissante, Chen Hao, le directeur adjoint du département Afrique et Asie de l’Ouest au ministère du Commerce déclarait : « la plupart des industriels confectionnent des produits de haute qualité (ordinateurs, téléphones portables, consommables informatiques, etc.) qui répondent aux normes internationales » avant de rajouter, non sans un certain mépris, « il faut aussi préciser que ces produits dits « bas de gamme » répondent aux besoins d’un certain nombre de consommateurs qui ne disposent pas d’assez de moyens pour se payer des articles hors de prix ».
Pour faire taire la polémique, le Premier Ministre en personne est intervenu comme le souligne Le Figaro : « Je voudrais affirmer à nos amis africains, avec toute ma sincérité, que la Chine n’entend aucunement agir de façon impérialiste comme certains pays l’ont fait auparavant sur le continent africain ». Le négociant en matières premières Jean-Yves Ollivier, nous confirme d’ailleurs dans son livre Ni vu ni connu, « il est impossible de comparer la relation entre la relation entre la France et l’Afrique (…) avec n’importe quel autre pays au monde »… La proximité culturelle et géographique, ainsi que le changement des époques rendent toute comparaison fortuite.
Dans la réalité, aujourd’hui encore le principal problème du continent africain reste la sous nutrition de la population qui connaît pourtant une démographie galopante. La situation est d’ailleurs préoccupante comme en témoigne le cri d’alarme du dernier rapport du GIEC. Dans un chapitre sur la sécurité alimentaire, l’auteur Ziska affirmait « cette région a des problèmes. Cela fait des années que nous hurlons que l’Afrique sub-saharienne a faim, et ça n’a pas changé grand-chose ». En cela la France comme la Chine respectent la même logique : celle des intérêts nationaux…