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Les analyses des recherches Google, véritable révélateur de qui nous sommes

L’analyse de nos recherches sur internet, représente certainement un des meilleurs révélateurs de nos pensées, de nos obsessions et nos représentations du monde. A ce titre, un moteur de recherche comme Google, et les questions que nous lui posons s’avèrent plus révélatrices que n’importe quel sondage d’un institut, car on ose lui poser les questions embarrassantes et dévoiler des secrets en pensant que personne ne nous voit.

C’est la base du travail de Seth Stephens-Davidowitz, un ancien salarié de Google, qui a analysé ces données. Ses conclusions sont rassemblées dans un livre qui vient de paraître, et dont le journal « Guardian » se fait l’écho.

Il en ressort des constatations, concernant bien sûr les États-Unis, qui reflètent mieux qu’un sondage classique, la vérité sur qui nous sommes, et en particulier sur les sujets tabous, dont l’orientation, la performance et le plaisir sexuel.

Par exemple, concernant les orientations sexuelles, la moyenne nationale fait état de 5 % des recherches de sites pornographiques sont à contenus gays. Or, dans le Mississippi, Etat farouchement opposé au mariage pour tous, l’ensemble des recherches de sites pornographiques par des hommes, est similaire (4,8 %). On peut donc estimer que, dans cet Etat, de nombreux hommes ne peuvent assumer aisément leurs préférences.

Concernant le sexe, on peut signaler aussi que les hommes font plus de recherches sur leur pénis que sur n’importe quels autres organes ou autres partie du corps. « Plus que leurs poumons, foie, oreilles, nez, gorge et cerveau combinés » notent les analyses. Signalons au passage, que les femmes ne font que peu de recherches sur la question.

Dans la série, obsessions bien stéréotypées, le surpoids apparaît plus dans les recherches des parents concernant les filles que les garçons, alors que ce problème concerne aux États-Unis 35 % des garçons et seulement 28 % des filles. Les parents ont aussi tendance à saisir 2,5 fois plus « mon fils est-il un génie, que ma fille est-elle un génie ? ».

Ces mêmes données sont précieuses pour aborder le thème de la haine raciale du quotidien. Il suffit d’associer des groupes « ethniques » et des adjectifs. Si « musulman » va avec « terroriste » et « réfugié », « Noir » ne va jamais avec « terroriste », mais très souvent avec « malpoli ». L’adjectif « maléfique » peut suivre « Juif », « gay », ou « musulman », mais jamais « asiatique », « chrétien », « Noir » ou « Mexicain ». Tout ceci peut s’amplifier suivant l’actualité.

Justement, avec l’actualité et le traitement des médias, on peut finir avec une note plus optimiste. Seth Stephens-Davidowitz, fait d’abord remarquer que vous n’êtes pas seul à vous poser des questions inavouables. Ensuite, cette enquête démontre que l’ancrage de certaines idées notamment racistes aux Etats-Unis n’est pas une fatalité.

Après la tuerie de San Bernadino, Barack Obama a eu la bonne idée de prononcer une phrase qui a fait évoluer les recherches. Il a dit, « les musulmans sont nos amis, nos voisins, nos collègues de bureau, nos champions sportifs, et oui, ils sont nos femmes et nos hommes qui sont prêts à mourir pour défendre notre pays ». Ce jour-là, pour la première fois depuis, « au moins un an », selon le chercheur, les mots « athlète » puis « soldat » étaient en tête des recherches associées au mot « musulman ».

Fort de cette constatation, deux mois plus tard, dans un discours sur l’islamophobie prononcé dans une mosquée, Barack Obama a utilisé la même ficelle en évoquant les médecins, architectes, enseignants, policiers, sportifs avec le même résultat.

 Crédit photo : skynetcusco

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