Le cofondateur de Wikipédia Jimmy Wales, reste un éternel optimiste à propos d’un internet libre et universel. Il ne peut que constater les nombreuses mises en place de contrôle par de nombreux gouvernements. Il défend la liberté d’expression, face à la volonté sécuritaire de contrôler le flot d’informations.
En cela, la censure ne vient pas seulement de pays autoritaires, les démocraties sont aussi dans cette logique de régulation. Concernant Wikipédia, l’encyclopédie est interdite en mandarin. Elle est désormais inaccessible en Chine continentale dans toutes les langues. La Turquie bloque aussi l’encyclopédie en ligne depuis deux ans.
Jimmy Wales, a l’habitude de ce type de censure. Cependant, il note que le Royaume-Uni est sur le point d’instaurer un « système pour bloquer les sites pornographiques« . Il rejette les deux dernières régulations européennes, emblématiques sur internet. La directive européenne sur le droit d’auteur et le règlement européen de protection des données (RGPD), sont à ses yeux inutiles. Pour lui, « les gens cliquent OK sur tous les sites web, ils ne lisent pas les conditions, donc les données sont toujours largement partagées« .
Cependant, il comprend bien l’inquiétude, qui peut naître à la lecture de certains contenus dangereux. C’est pour cela qu’il ne prône pas pour autant la déresponsabilisation totale des hébergeurs. Son organisation s’est ralliée à « l’appel de Christchurch » contre les contenus « terroristes et extrémistes violents ».
Wikipédia née il y a 18 ans, essaye de maintenir sa particularité, à savoir être libre d’accès pour la lecture comme pour l’écriture. C’est devenu une référence qui compte aujourd’hui près de 350 millions d’articles. Elle a enregistré plus de 190 milliards de « pages vues » sur les douze derniers mois.
Financièrement, Jimmy Wales assure, « on s’en sort très bien financièrement. Les gens font des dons, on dépense moins que l’on ne perçoit chaque année« . De toute façon, l’encyclopédie gratuite, n’appartient pas au même monde que les grandes plates-formes, fondées sur l’économie de l’attention et de la nouveauté. Celles-ci doivent continuellement investir sur tous les fronts pour garder un coup d’avance.
Côté investissements, l’encyclopédie a fait appel à une petite dose d’intelligence artificielle pour repérer plus facilement d’éventuels actes de vandalisme dans les articles. Cependant, en gestionnaire prudent et avisé, Wikipédia a lancé une campagne pour se constituer un fonds de secours, pour « assurer la sécurité de Wikipédia sur le long terme ».
« Il ne faut pas attendre la pluie pour réparer le toit« , indique Jimmy Wales, qui est un optimiste, mais pas un naïf. Il se veut aussi un sage, qui préconise « Wikipédia essaie de rester très calme. C’est important à une époque où il y a beaucoup d’indignation fabriquée sur les réseaux sociaux« .
Crédit photo : Wikipedia_univers-immense