A première vue, nous sommes tentés de bomber le torse en étant fiers qu’un de nos compatriotes ait relevé le défi. Ensuite, on s’inquiète sur le fait qu’un cryptographe français ou autre réussisse à déjouer la sécurité d’un système de vote électronique. Cette hypothèse fait longuement réfléchir sur l’utilisation de ce type de vote.
A la base de cette histoire, il y a un défi mis en place par Alexeï Venediktov. C’est le rédacteur en chef de la radio d’opposition Echos de Moscou, mais aussi le directeur d’une organisation de surveillance des élections. Il a annoncé sur sa chaîne Telegram, avoir versé un million de roubles aux Français.
Le but de ce défi est simple. Démontrer la possibilité de manipuler le processus qui sera utilisé pour les prochaines élections locales à Moscou. Pierrick Gaudry, cryptographe du Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (Loria), dans l’Est de la France, a relevé le défi. Il est parvenu à ses fins, comme le confirment l’Université de Lorraine et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Un piratage vite fait, bien fait
Pierrick Gaudry, a réussi avec un ordinateur standard et des logiciels libres, et accessibles à tous. Il a obtenu une clé privée en 20 minutes environ. Ces clés privées permettent aux autorités de décrypter les votes et les comptabiliser. Pour Pierrick Gaudry, un pirate informatique peut faire encore plus vite que lui et obtenir cette clé privée en 10 minutes seulement.
La faiblesse du système se concentre sur la petite taille d’une autre clé. La clé publique, qui permet aux électeurs de crypter leur vote. De fait, le calcul de la clé privée serait trop simple. Avec ces résultats, le gagnant du défi peut par exemple suivre les résultats de l’élection russe en direct, selon le CNRS et l’université.
Un scrutin local, mais des résultats sous haute surveillance
Cependant, ses élections au Parlement de Moscou, ne sont que des élections locales. De plus, le vote électronique sera utilisé dans certains districts seulement. Enfin, les autorités moscovites, assurent rendre la clé de chiffrement, plus complexe.
Il reste, que le contexte est houleux. Dans ce scrutin, les candidats pro-pouvoir sont en difficulté, malgré l’exclusion de la plupart des candidats d’opposition. La tentation est grande de voir dans ces approximations, la volonté du pouvoir de garder le contrôle final du vote. Le mouvement de protestation actuel se renforce. Il devient plus puissant dans le pays, depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012.
Crédit photo : yuliya kosolapova