Le très rapide développement d’Internet pourrait se confronter à un léger problème d’intendance. Dans environ un mois, il va y avoir une sévère pénurie d’adresses IPv4. Ce type d’adresse mis en service en 1983, est la plus commune sur Internet. Les spécialistes insistent pour développer des solutions.
Cette fois, c’est l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Acerp), qui ramène le problème sur le devant de la scène. La raison de cette pénurie d’adresses IP est d’ordre mathématique et facile à prévoir. L’adresse IPv4, est une adresse de 32 chiffres binaires, composée de 0 ou de 1. Cela donne environ 4,3 milliards de combinaisons à distribuer. Il semble, que l’on arrive au bout de toutes les combinaisons. Il est évident, que lors de la création de ce protocole d’adresse IP, on ne doutait pas du développement exponentiel du nombre d’objets connectés.
La solution, passe notamment par un autre protocole créé dans les années 90 l’IPv6. Cet autre protocole, de 128 bits et non 32, permet d’obtenir bien plus d’adresses IP. Cependant, comme souvent, il faut attendre l’urgence et l’évidence pour vraiment se pencher sur le problème. En 2018, 26 % des pages internet les plus consultées étaient disponibles en IPv6. Samih Souissi, chargé de mission à l’Arcep, explique le retard de développement de cette technologie, « on manque de formation à ce protocole et de compétences pour en assurer le déploiement et la maintenance« . Idem pour Jérémy Martin, « 80 % des TPE-PME ne sont pas en mesure de faire cette transition. On a véritable un manque de connaissances sur le sujet« . Un problème qui serait aussi d’ordre politique selon lui, qui regrette « une réponse inexistante » au problème.
Un marché « noir » et des prix qui s’envolent
Certains, font du profit autour de ce manque, et certains sites internet se spécialisent dans la revente d’adresse IP. Les prix grimpent déjà, de 15 € par adresse, on est passé à 30 €. On va rapidement atteindre la barre des 100 € par adresse IP.
De leur côté, les fournisseurs d’accès internet proposent le Carrier-Grade NAT ou CGN. C’est une technique, qui permet de fournir la même adresse IP à plusieurs internautes. Cependant, ce n’est pas sans conséquence. Les fonctionnalités du réseau deviennent limitées, la connexion plus lente, c’est parfois impossible d’accéder à des fichiers partagés à distance, certains jeux en ligne deviennent injouables.
De plus, cette technique pose des problèmes de sécurité, car il devient plus difficile de retrouver une personne s’il partage son adresse IP avec d’autres internautes. En mai 2018, à Nice, un père de famille a été victime d’une erreur de la police. Il a été interpellé pour avoir téléchargé du contenu pédopornographique. En fait, il partageait la même adresse IP avec trois autres internautes de son quartier.
Crédit photo : Académie-Toulouse.