Ce document de 68 pages, demandé dans le cadre de la mission parlementaire sur les technologies par le Premier ministre Edouard Philippe, résume quatre mois d’auditions. Nous sommes loin d’être des précurseurs, car le Royaume-Uni s’est doté d’une stratégie nationale depuis 2013, suivi par les Etats-Unis en 2015. Toujours secrète, la Chine est néanmoins là, ou encore le Canada par exemple. Il ne s’agit donc pas de prendre de l’avance, mais juste de rattraper un retard.
Ne pas rater le tournant numérique
Il y a urgence, car Google entre autres, a fait savoir l’année dernière qu’il a réussi à réaliser la suprématie quantique, pour un calcul très précis. Ce qui veut dire, que l’ordinateur quantique résout un calcul insolvable par un ordinateur classique.
Dans le document, co-signé avec Jean-Paul Herteman, ex-PDG de Safran, et Iordanis Kerenidis, directeur de recherche du CNRS, il est d’abord question d’argent, un point qui reste comme toujours le nerf de la guerre. Les sommes allouées de 60 millions d’euros pour le quantique sont bien en dessous d’autres pays. Le rapport évoque un investissement de 1,4 milliard d’euros sur cinq ans en France. Cela implique, un effort qui ne peut pas venir que du secteur public. Le secteur privé, les collectivités territoriales et l’Europe devront s’impliquer ».
Regrouper les compétences et les informations
Moins d’argent, cela signifie une gestion rigoureuse et une vision claire des objectifs. Pour tenter de rattraper son retard, le rapport formule 37 propositions. Comme souvent, il faut prendre les choses à la base, c’est-à-dire la recherche et la formation.
Tout ceci se décline par le financement de 20 projets exploratoires, car les technologies quantiques sont encore en friche et des choses sont à découvrir. Cela passe également par la création de parcours de formation avec une spécialisation quantique. Enfin, la création de trois pôles d’excellence avec les « Instituts Interdisciplinaires en Information Quantique » (3IQ) à Paris, Saclay et Grenoble pour rassembler les compétences, partager les connaissances et favoriser les échanges.
Organiser une levée de fonds indispensable
L’aide doit aussi parvenir aux startups françaises qui œuvrent dans le domaine. En Europe, 90 startups développent des innovations à partir de technologies quantiques. 16 sont françaises, cela nous place derrière le Royaume-Uni (20) mais devant l’Allemagne (14). Le rapport propose « d’accompagner la création d’une cinquantaine de startups du quantique jusqu’en 2024« . Une aide directe ou par l’intermédiaire de la Banque publique d’investissement (BPI).
De l’argent, toujours plus d’argent. Le financement pourra aussi venir du privé. En France, il existe actuellement un seul fonds privé, il s’agit de Quantonation. Le document prévoit la création d’un fonds d’investissements de 300 à 500 millions d’euros, dédié aux startups du quantique. Ce fonds verra certainement apparaître des acteurs français déjà impliqués comme Thales, Atos, Airbus, Total, Edf, et des institutionnels comme AXA ou la BNP.
Crédit photo : Paula Forteza